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BASE MARTHA
ROXANE DAUMAS
12 MARS - 27 JUIN 2021
VERNISSAGE : JEUDI 12 MARS 2020  19:00

 

A propos de la Base Martha

 

C’est un site singulier, chargé d’histoire. Niché dans le port autonome de Marseille, ce bunker (dont le nom de code était Martha) devait devenir la principale base de sous-marins allemands en Méditerranée. Il fut commencé en mai 1943 par l’Allemagne nazie. Le débarquement massif des forces alliées en août 1944 marqua la  n du chantier. Les travaux ne furent jamais achevés. Il ne manquait que la mise en eau.

 

C’est un colosse de béton armé brut de 251 mètres de long et 45 de large, protégé par un haut mur, face à la mer. La structure était censée résister aux bombes de 10 tonnes avec un toit de 7 mètres d’épaisseur et des murs d’enceinte de près de 3 mètres. Sa démesure le rend indestructible. En 1944, ce bunker représentait la présence allemande à Marseille. Considéré comme une verrue dans les années 60, il entre dès les années 80 dans le patrimoine de l’histoire urbaine de la ville. Aujourd’hui, sa requalification en DATA CENTER lui offre une nouvelle perspective fonctionnelle et architecturale.

 

Les travaux de Roxane Daumas interrogent les espaces en transition. De l’impact de la désindustrialisation sur l’ergonomie des villes Wallonnes, à l’abondance des architectures inachevées présentes sur de nombreux territoires dans le monde, chaque sujet développé par l’artiste relève l’empreinte de l’activité humaine sur nos paysages quotidiens. L’activité sociale et économique, les choix politiques successifs d’aménagement des territoires, l’histoire, les modes, chaque paramètre impacte par couches successives nos espaces de vie.

 

 

La Base Martha est un site particulièrement édifiant et chargé, car il renvoie directement à un épisode noir et récent de notre histoire, la seconde guerre mondiale et ses horreurs. La présence des nazis se lit encore sur les murs du colosse (peintures rupestres bavaroises, croix gammées, écritures allemandes). On ne peut échapper à la projection de la folie des hommes et de la guerre. Restée en suspens depuis plus de 75 ans, la Base Martha est marquée par le temps, il se devine dans l’extraordinaire complexité du béton. Les prises de vues ont été réalisées la semaine précédent les travaux de restructuration. Chaque dessin s’appuie sur un travail photographique en amont. Pourtant, les photographies sont traitées dans la perspective des dessins. Chaque zone de l’image est retravaillée, sculptée pour extraire l’essence sensible du sujet abordé. Une opposition constante entre attractivité et répulsion, lumière et obscurité.

 

Le dessin fantasme les noirs. Grands formats, cadrages, contraste et densité participent à l’élaboration d’une réalité  fictive. La lecture spatiale et fonctionnelle du lieu se brouille.

 

La facture réaliste des dessins renvoie au médium photographique et à une certaine forme de réalité. Les gommes bichromatées, elles, sont plus picturales bien qu’elles soient des objets photographiques.

 

Cette dualité entre ces deux médiums renforce le questionnement de ce qui est ou a été. Chaque représentation participe à la patrimonialisation du monument. Rongés par les stigmates du temps, ce colosse de béton devient un vestige emblématique de notre époque, le temple, le témoin, le paradigme de nos folies contemporaines.

 

Ce site se destine à abriter et protéger un centre de données numériques, données qui sont aujourd’hui au coeur des enjeux de l’organisation de notre monde contemporain.