Architecte paysagiste de formation, Nicola Lo Calzo se tourne vers la photographie en 2008. Aujourd’hui enseignant chercheur de l'École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy il réside en France depuis 2006, où il anime un cours sur les pratiques postcoloniales et queer en photographie, il vit et travaille entre Bahia et Paris.
Ses travaux étudient les notions de frontière et de marge, et mettent en lumière les stratégies des communautés subalternes de survie et réinvention de soi dans un contexte postcolonial. S’inscrivant dans un questionnement personnel autour de l’identité et du corps politique, Nicola Lo Calzo met en évidence en tant que personne queer le besoin de restituer les enjeux politiques et symboliques des acteurs locaux et communautés subalternes.
La galerie Dominique Fiat présente « Portraits résistants » une sélection de portraits du projet KAM réalisés entre 2010 et 2020. La mémoire de la résistance à l’esclavage est pensée ici non pas comme un « sujet » mais comme une grille de lecture, à la fois pour déconstruire les représentations dominantes mais aussi pour donner à voir des pratiques mémorielles subalternes qui vivent de part et d’autre de l’Atlantique au sein de communautés historiques marginalisées. Bien que la plupart de ces pratiques se soient développées dans le contexte de la colonisation, elles ne sont pas une simple réaction à la colonialité : il s’agit en effet de créations indépendantes et complexes. Lo Calzo souhaite souligner comment elles ont permis de (re)composer des généalogies interrompues, d’unir des communautés diasporiques qui ont produit leurs propres formes de savoirs - des pratiques identitaires complexes dans lesquelles se jouent la mémoire, mais aussi le genre, la classe et la race. Par le biais de la dimension « affective » de la photographie, comprise avant tout comme un espace relationnel, les portraits de Lo Calzo témoignent des réalités absentes des archives officielles.
Ses œuvres ont été exposées dans des musées, des centres d'art et des festivals, notamment le Festival Fotografia Europea à Reggio Emilia et le Centro Italiano di Fotografia à Turin, l'Institut d'Isla. En 2017, son travail a été exposé dans le cadre de l'exposition Afriques Capitales proposée et organisée par Dominique Fiat (Commissaire Simon Njami) entre Paris et Lille. En 2015, le Tropenmuseum d'Amsterdam a consacré une exposition monographique autour de ses recherches en Haïti et en Guadeloupe. Les œuvres de Lo Calzo sont présentés dans plusieurs collections privées et publiques, notamment les collections nationales du CNAP, de la BNF, la collection Lightwork à Syracuse - New York, les Archives Alinari à Florence, la Pinacoteca Civica à Monza, le Tropenmuseum à Amsterdam et la collection J.P. Morgan (Paris- New York)
Avec une carrière couvrant plus d’une cinquantaine d’années comme activiste et artiste, Sue Williamson née en 1941 en Angleterre migre avec ses parents à Cape Town en 1948, quelques mois avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement de l’Apartheid.
Dans les années 80, avec « All our Mothers », elle se fait connaitre en réalisant une scène de modestes femmes résistant au pouvoir de l’Afrique du Sud, en militant seules avec acharnement. Ainsi elle raconte l’histoire d’Annie et Esslina Silinga qui se sont révoltées contre l’obligation de porter un passeport d’identification dans leur propre pays. Membre fondatrice d’un groupe de femmes de toutes les races, Sue Williamson manifeste sa solidarité par exemple en se mettant à table avec ses camarades de couleur dans les restaurants pour blancs. Parmi les nombreuses femmes qu’elle photographie, l’artiste a choisi celles qu’elle a rencontrées et avec lesquelles elle a interagi depuis les années 1980.
Pour la série « Pages from a Gouvernment Tourist Brochure » Williamson a sélectionné sept pages de la brochure Native Life in South Africa – publiée par l’organisation South African Railways, ‘Airways and Harbours Publicity and Travels’ en 1936. Il s’agissait du département gouvernemental chargé de la promotion du tourisme à l’étranger, et distribué à l’époque où l’Afrique du Sud encore colonie britannique développait une forte promotion de son tourisme à l’étranger. Dans chacune de ces pages, les légendes des photographies, avec leur obsession pour la couleur de peau et la texture des cheveux et leur commentaire désobligeant sur les croyances religieuses et les coutumes sociales, objectivent leur sujet. L’artiste a gravé des mots et des phrases de ces légendes dans des cadres rigides en acier, et a créé des barrières supplémentaires entre le spectateur et le sujet fournies par divers dispositifs de « filtrage ».
Pour Sue Williamson chaque portrait est un exercice d’admiration.
Les œuvres de Sue Williamson figurent dans de nombreuses collections majeures Tate Modern, Victoria & Albert Museum de Londres, MOMA, Centre Pompidou et Fonds National d’Art Contemporain pour ne citer que les plus récentes. En 2022-2023 elle a exposé au Box Museum et au KARST Contemporary Arts à Plymouth, à la Fondation Barnes de Philadelphie en duo show avec Lebohang Kganye, au Oude Lesskamer à Stellenbosch, et à la South African National Gallery à Cape Town. Ainsi elle exposera en 2024 au Musée Van Loon à Amsterdam, à l’ouverture du Fenix Museum à Rotterdam, et bénéficiera d’une rétrospective majeure en 2025 à Iziko South African National Gallery, Cape Town.