La galerie Dominique Fiat est heureuse de présenter la quatrième exposition personnelle à la galerie, en lien avec l’Inséparé (2016) d'Itvan Kebadian. « Chaosmose » peut se définir comme un mural intemporel qui parcourt l’ensemble des murs de l‘espace comme le ferait un fil continu. Il ne représente finalement qu’un seul dessin noir et blanc, réalisé à l’aérosol et à l’encre. Mais ce dessin évolue et se métamorphose en une ligne discontinue puis abstraite lorsqu’elle s’évapore dans l’espace blanc de la galerie. Dans les zones vides de sa perspective, la fresque n’apparaît que comme des traces, des fragments, des morceaux, un geste brut et brutal.
Il nous montre un monde guidé par le geste, à la fois incertain et conflictuel, rempli de collusions, de passages sombres, de déserts silencieux, de bâtiments démesurés aux fenêtres grillagées, de souterrains qui n’ont jamais vu la lumière du jour, d’avancées vers les abysses. Des escaliers hauts, des rues, ou encore des pentes soudaines s’échappent hors de notre portée ou se déforment, s’étirant jusqu’à s’effacer, avec éclats de pierres, entassements de formes brisées, amas de ruines déchiquetées, jusqu’à ne plus figurer que des aplats de noir. Cette fresque apparaît morcelée, entre émergence, mutation et métamorphose.
Une dizaine de « cadres » accrochés à cette oeuvre murale représentent des scènes très détaillées et minutieusement construites, dessinées au stylo à pointe tubulaire. Ces scènes sont à la fois marquées par une utopie et une porosité. On comprend l’utopie dans l’alliance de ces territoires, tandis que la porosité crée l’écho entre ces espaces, et entrouvre une sortie. Considérons ces trente oeuvres comme un renvoi de signes qui puisent dans « les réserves » de la fresque pour redistribuer les places de chacun, et entraînerait le regard simultanément vers le proche et le lointain. Une fresque construite sur les liens et les nouages, traversant et structurant l’espace global, comme des traits d’union et de séparation dans un tout. Ces images médiatrices élaborent un dialogue dans ce chaos circulaire qui semble indéchiffrable.
La démarche est Révolte, l’esthétique de l’esquisse est aussi esquisse d’un monde explosif à bien des égards. Catastrophes naturelles, conflits, guerres, manifestations, émeutes… c’est le réel qui prime. Et c’est un engagement socio-politique crié haut et fort.