Dans «Polyglotte grâce à Babel» Judit parle de sa double appartenance à la Hongrie et à la France linguistique, culturelle.
«L’image d’un visage est si ralentie qu’elle paraît fixe, avec, en surimpression, des réflexions sur la découverte de l’école, en France, par une petite réfugiée de 9 ans, et une bande-son qu’il faut attentivement écouter : les cordes vocales de celui qui émet le son guttural entrent en résonnance l’une avec l’autre et produisent un son double, comme en émettent certains chanteurs mongols.» M. Nuridsany dans «Judit Kurtág, la musique avant toute chose» ArtPress 306, novembre 2004.
Grâce à la complicité du compositeur György Kurtág Jr., son père, qui crée pour elle, elle élabore «Meet me (t)here». Ce sera leur première véritable collaboration. Puis suivra «Une Grammaire du Temps», autre vidéo dont la musique a été réalisée par son père à partir de plans filmés très lents sur sa grand-mère. Judit Kurtág mène un travail sur l’image vidéo que l’on pourrait qualifier de contemplatif. La superposition d’images et de plans d’un même visage fonctionne comme autant de strates de la mémoire.
Avec "Sans titre", 2004 la vidéo présentée au Plateau-FRAC Île de France, dans l’exposition "Ralentir Vite" (9 décembre 2004 - 20 février 2005), Judit Kurtág nous demande d’accorder le temps nécessaire au regard sur une vidéo dans laquelle les images retravaillées sont plus proches du dessin que de la photographie. Les plans qui glissent de manière presque imperceptible les uns sur les autres se succèdent et s’entremêlent avec lenteur créent un univers où la superposition et l’agencement d’images éparses élaborent un paysage mental qui retient notre présence par son étirement et sa lenteur.