EXPOSITION
Commissariat de Morgan Labar
La galerie Dominique Fiat est heureuse de présenter la nouvelle exposition personnelle d'Emo de Medeiros du 2 juin au 10 octobre 2024, dans le cadre de Traversées Africaines.
Image: Id#111 (Wole's Tiger II), 2024
Technique mixte sur papier : pierre noire, crayon de couleur, aquarelle, encre, pastel à l'huile, feutre, stylo à bille, papier brûlé.
"Un tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit"
Wole Soyinka, 1962
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Voici le processus de création des œuvres de ma série de "dessins augmentés" Id# : (palindrome main-IA-main)
- J'ai téléchargé vers ChatGPT 333 de mes dessins
- J'ai demandé à ChatGPT de partir de ces dessins, ainsi que de sa connaissance de mon oeuvre (car j'ai la chance qu'il la connaisse, sans quoi ce projet eût été impossible) pour générer des images "qui pourraient être créées par Emo de Medeiros"
- J'ai extrait les "prompts" (instructions données aux IA) pour les injecter dans trois autres intelligences artificielles génératives d'images (dont...Leonardo.ai)
- J'ai utilisé ces trois IA, en modifiant peu à peu les "prompts" dans un processus d’expérimentation pour générer plusieurs milliers de dessins "dans le style d'Emo de Medeiros".
- J'ai sélectionné ceux des dessins "virtuels" qui étaient exactement ce que je voulais, i.e. qui étaient entièrement de moi (after all, I am I) après en moyenne 100 à 200 générations de dessins virtuels par dessin sélectionné.
- J'ai brûlé tous mes dessins originels et, avec leur cendre, j'ai fabriqué un pigment.
- J'ai imprimé sur du papier à dessin les dessins virtuels.
- J'ai dessiné et peint par dessus le "squelette" des dessins virtuels en utilisant des médiums classiques autant que symboliques :
- de la pierre noire (alchimie)
- des crayons de couleur (enfance), des pastels gras Sennelier (Picasso),
- de l'aquarelle (art traditionnel européen),
- des feutres (XXème siècle industriel),
- des stylos Bic (objet planétaire)
- le pigment produit à partir de mes dessins brûlés (distillat du geste)
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Emo de Medeiros (1979), artiste franco-béninois, vit et travaille à Cotonou et à Paris. II a étudié à l'École Normale Supérieure (Paris/Ulm), à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts (Paris) et au Massachusetts College of Art (MassArt).
Son travail a été exposé à l'échelle internationale, en France (Centre Pompidou, Palais de Tokyo), en Allemagne (MARKK Hambourg), au Brésil (Videobrasil Contemporary Art Festival Sao Paulo), au Nigeria (LagosPhoto), au Royaume-Uni, au Japan, en Chine, dans les biennales de Marrakech, Dakar et Casablanca.
Le recours à l'intelligence artificielle dans cette série de dessins d'Emo de Medeiros incarne toute la singularité de ce nouvel outil. Car ce que l'IA permet dans ces œuvres c'est le retour paradoxal aux sources profondes de la pratique de l'artiste : celles de la main, de la spontanéité, et de la primauté de l'émotion brute.
Sans renoncer à l'usage de la technologie, à la complexité ou à l'hybridité caractéristiques de son œuvre, Emo de Medeiros dévoile une partie de son univers intime : identités et psychés fluides, multiples et en mutation, aux confins de l'immémorial et du futur.
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Historien et critique d'art, Morgan Labar est le directeur de l'École supérieure d'art d'Avignon (ESAA). Il enseigne à l'École du Louvre et est enseignant associé du département Arts de l'ENS (Ulm). Normalien, docteur de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et ancien postdoctorant de la Terra Foundation for American Art à l'INHA, ses recherches portent sur la manière dont les catégories esthétiques, les canons et les discours hégémoniques sont construits au sein des mondes de l'art.
